Diagnostiquer la santé des arbres – un métier
La science et les connaissances progressent et de nouveaux outils, de nouvelles méthodes permettent de mieux diagnostiquer, mieux comprendre l’arbre dans son environnement afin que celui-ci soit géré de façon raisonnée tout en prenant en compte les avantages qu’ils nous apportent et parfois les risques qu’ils pourraient occasionner.
Consultant arboricole, un métier nouveau appelé à se développer et pour lequel une méthodologie se met peu à peu en place. Une profession en cours de développement mais pas encore référencée, aussi vaut-il mieux bien choisir son consultant avant de faire appel au service de l’un d’eux.
Sébastien PAINCHAUD est l’un de ces hommes. Il s’est installé dans la région rennaise et a développé la société ARBOR étude. Il a suivi une formation dans une école forestière pendant quatre ans avant de devenir technicien forestier pendant 22 ans, a remis ses connaissances à niveau en suivant régulièrement des formations pointues en physiologie végétale, en botanique, en parasito, bio-mécanique et en eau, au fur et à mesure de l’avancée de la science.
Ses clients peuvent être les collectivités territoriales, les bureaux d’étude, d’urbanisme, les architectes, les maîtres d’œuvres, les groupes immobiliers, les particuliers et toutes les entreprises qui possèdent un patrimoine arboré. La prestation peut aller du simple conseil au rapport d’expertise via un diagnostic arboricole qui permet alors de déterminer le risque associé à l’arbre. Le diagnostic peut être réalisé à partir d’un seul arbre et plus.
Diagnostic et certification VETcert
Une certification européenne pour la gestion des vieux arbres ou vétérans, VETcert (pour Vétéran Certification).
Dans le cadre de ce dispositif, un arbre vétéran est un arbre particulièrement vieux pour son espèce. Il présente des caractéristiques d’ancienneté telles que des cavités, des fissures et du bois mort. Les critères de définition de ces vétérans communs à tous les pays partenaires sont les suivants : Un grand âge chronologique, des caractéristiques de résilience (descente de cime, suppléants…), des dimensions hors normes, une structure complexe avec un tronc creux, de nombreuses altérations, des racines à l’intérieur du tronc, une structure coloniaire…. une valeur biologique/écologique élevée, une grande valeur culturelle ou patrimoniale.
La gestion des arbres anciens diffère de la pratique arboricole et forestière standard, car elle est plus complexe, plus délicate et exige des compétences accrues : Il faut pouvoir comprendre l’influence de la taille sur le vieillissement de l’arbre, les phénomènes de vieillissement. Il convient d’appréhender le risque réel, les probabilités de rupture, le potentiel d’impact d’un sujet. Si la prise en compte, l’acceptation et l’accompagnement de la résilience du sujet en général, de sa résilience racinaire et de relations symbiotiques qu’il entretient, est indispensable ; il faut également être capable de savoir reconnaitre et comprendre les valeurs culturelles, sociales, historiques et esthétiques de l’arbre, tout comme prendre en compte sa valeur écologique. Selon le WWF en 2004, 30% de la biodiversité forestière dépend des arbres vétérans. Il faut enfin savoir intégrer la législation spécifique à la protection.
Diagnostic visuel et approfondi pour les apprentis de Kerplouz Lasalle
Dans le cadre de leur formation CS Arboriste Élagueur, des apprentis de Kerplouz ont pu participer à l’élaboration d’un diagnostic approfondi sur l’un des Chênes des marais du lycée. Cet arbre âgé d’un peu plus de 80 années jouxtait deux de ses congénères déracinés par le vent lors de la dernière tempête. L’opération a consisté à élaborer un diagnostic visuel, puis un diagnostic approfondi.
Dans 95% des cas, le diagnostic visuel suffit. Il est important d’appliquer des principes de base et avoir une démarche clinique, de respecter les protocoles et d’utiliser des méthodes de diagnostic référencées pour ne rien oublier en intégrant les paramètres physiologiques et mécaniques de l’arbre, afin d’aboutir à un diagnostic le plus précis possible et d’émettre un avis en ne se laissant pas influencer par des éléments subjectifs.
Le diagnostic approfondi consiste en la réalisation de mesures physiques qui permettent de mesurer la part du bois sain et du bois malade dans un tronc. Une tomographie du bois par impulsion sonores est alors réalisée. L’appareil fournit une impression de l’état intérieur d’un arbre en très peu de temps. Les altérations cachées, les cavités et les fissures invisibles ainsi que leur proportion deviennent visibles avec Le Tomographe ARBOTOM® ABT05-E.
Conjointement avec l’Arbotom® ABT05-E, le capteur ArboRadixTM permet de cartographier le système racinaire. Un capteur supplémentaire, relié à un poteau en acier, est placé sur le sol selon un quadrillage mesuré. Le signal de l’onde sonore est renvoyé aux autres capteurs déjà connectés à l’arbre. Cela permet non seulement de définir l’étendue et la localisation d’un système racinaire mais également son état. Lorsque des racines sont présentes, le signal se transmet rapidement le long des racines, créant un chemin qui peut être cartographié pour définir l’étendue et l’emplacement du système racinaire. Un module de graphique mécanique estime le point le plus faible de l’arbre face à la charge du vent.
Dernière étape du diagnostic approfondi, l’utilisation du logiciel ArboStApp™ pour l’évaluation de la sécurité des arbres. Ce dernier compare et évalue la capacité de charge de l’arbre face au vent dans toutes les directions et son facteur de sécurité. Il détermine ainsi la perte de résistance due aux dégradations structurelles dans les sections transversales des tiges et des branches ainsi que la perte d’ancrage en fonction de la taille du houppier et des charges de vent prévues.
Sébastien PAINCHAUD insiste toutefois sur le fait que ses données sont un complément de diagnostic qui doivent toujours être mises en relation avec les observations visuelles établies dans une démarche clinique et méthodiques.
Merci Yves pour cet article qui informe sur les nouvelles méthodes pour diagnosquer l’état sanitaire des arbres.
C’est aussi un moyen clair et scientifique d’expliquer la décision d’abattage d’un sujet.
Ainsi, les amoureux du patrimoine arboré de Kerplouz comprendront
qu’il faut intervenir afin préserver la sécurité des résidents. Peut être qu’il sera possible de transmettre vos conclusions à court et moyen termes.
Merci.